Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/112

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II. HÉRODE ET CAÏPHE

 
Sous l’ongle dédaigneux de Rome fatiguée
Vivait la royauté des Juifs qu’avait léguée
L’Hérode Ascalonite à l’Hérode Antipas.
Cet idiot mêlait le meurtre à ses repas,
Et regardait danser Hérodiade nue.
Il avait redoré l’aigle que dans la nue
Son père avait sculptée au fronton du saint lieu,
Car, pour flatter César, ces rois insultaient Dieu ;
Il avait fait murer dans le royal repaire
La chambre où, sur un lit de pourpre et d’or, son père,
Surnommé Grand, avait été mangé des vers ;
Des paons rôdaient parmi ses jardins toujours verts ;
Au fond brillait un lac dit le Bain du Tétrarque ;
On y voyait errer les pêcheurs dont la barque
Vogue à coups d’avirons lents et bien maniés.
Il aimait les rhéteurs, l’un par l’autre niés,
Les philosophes grecs, les histrions, les mimes,
Et son ennui traînait le poids sombre des crimes.