Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/128

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Des croyants sont auprès du docteur ; les uns lisent
Dans des livres pendant qu’il parle ; d’autres gisent
En travers de la porte, et l’on marche dessus ;
Un plat brille à ses pieds où les dons sont reçus ;
La foule abonde autour du prêtre, et l’environne ;
Vieillard qu’une lueur de science couronne,
Calme et grave, il déploie au-dessus de son front
Ce que les siècles, l’un après l’autre, liront,
Le texte saint, écrit sur le rouleau mystique ;
Il enseigne la foi, le rite, la pratique,
Au peuple remuant les lèvres par moment ;
Et chaque fois qu’il lèvre un doigt au firmament,
Tous, éperdus devant l’insondable prière,
Ensemble et frémissants, font trois pas en arrière.

Il dit :

                - Voici la loi. Fais silence, Israël !
Peuple, crois au Dieu vrai, distinct, un, personnel,
Seul, unique, incréé, voyant ce que fait l’homme.
Dieu, c’est le créancier qui veut toute la somme,
C’est le jaloux qui veut tout le cœur, c’est la mer
Dont le flot, repoussé par la terre, est amer ;
Dieu, s’il est repoussé par les hommes, se venge.