Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/239

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Quel prix pour tant de saints et sublimes combats ;
Celui-ci, c’est Jésus ; ceci, c’est Barabbas.
L’archange est mort, et moi, l’assassin, je suis libre ;
Ils ont mis l’astre avec la fange en équilibre,
Et du côté hideux leur balance a penché.
Quoi ; d’une part le ciel, de l’autre le péché ;
Ici, l’amour, la paix, le pardon, la prière,
La foudre évanouie et dissoute en lumière,
Les malades guéris, les morts ressuscités,
Un être tout couvert de vie et de clartés ;
Là, le tueur, sous qui l’épouvante se creuse,
Tous les vices, le vol, l’ombre, une âme lépreuse,
Un brigand, d’attentats sans nombre hérissé… -
Oh ; si c’était à moi qu’on se fût adressé,
Si, quand j’avais le cou scellé dans la muraille,
Pilate était venu me trouver sur ma paille,
S’il m’avait dit : « Voyons, on te laisse le choix,
C’est une fête, il faut mettre quelqu’un en croix,
Ou Christ de Galilée, ou toi la bête fauve ;
Réponds, bandit, lequel des deux veux-tu qu’on sauve ; »
J’aurais tendu mes poings et j’aurais dit : clouez ;
Cieux ; les rois sont bénis, les prêtres sont loués,
Le vêtement de gloire est sur l’âme de cendre ;
Un gouffre était béant, l’homme vient d’y descendre ;