Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/241

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Ton grincement de dents, ce rire des ténèbres.
Et toi, vil monde, à race humaine, qui célèbres
Les rites de l’enfer sur des autels d’effroi,
Tremble en tes profondeurs ; j’entends autour de toi
La réclamation des gueules de l’abîme.
Je demande à genoux pardon à ta victime ;
Genre humain, ta noirceur en est là maintenant
Que le gibet saisit l’apôtre rayonnant,
Que sous le poids de l’ombre abjecte, l’aube expire,
Et que lui, le meilleur, périt sous moi, le pire ;
Oh ; je baise sa croix et ses pieds refroidis,
Et, monstrueusement sauvé par toi, je dis :
Malheur sur toi !

                             Malheur, monde impur, lâche et rude ;
Monde où je n’ai de bon que mon ingratitude,
Sois maudit par celui que tu viens d’épargner ;
Puisse à jamais ce Christ sur ta tête saigner ;
Qu’un déluge d’opprobre et de deuil t’engloutisse,
Homme, plus prompt à choir du haut de la justice
Que l’éclair à tomber du haut du firmament ;
Sois maudit dans ces clous, dans ce gibet fumant,
Dans ce fiel ! sois maudit dans ma chaîne brisée ;
Sois damné, monde à qui le sang sert de rosée,
Pour m’avoir délivré, pour l’avoir rejeté,
Monde affreux qui fais grâce avec férocité,