Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/254

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Tend une main hideuse à l’or mystérieux,
Chaque fois que le prêtre, époussetant ses dieux,
Chante au crime Hosanna, bat des mains aux désastres,
Et dit : gloire à César ! Là-haut, parmi les astres,
Dans l’azur qu’aucun souffle orageux ne corrompt,
Christ frémissant essuie un crachat sur son front.



— Torquemada, j’entends le bruit de ta cognée.
Tes bras sont nus, ta face est de sueur baignée ;
À quoi travailles-tu seul dans ton noir sentier ; —
Torquemada répond : — Je suis le charpentier.
Et j’ai la hache au poing dans ce monde où nous sommes.
— Qu’est-ce donc que tu fais ; — Un bûcher pour les hommes
— Avec quel bois ; — Avec la croix de Jésus-Christ.



Après avoir courbé sous la loi qui flétrit
Et sous la loi qui tue, hélas ! cet être auguste,
Après avoir cloué sur le gibet ce juste
D’où ruisselle le sang et d’où le pardon sort,
Devant l’obscurité des sentences de mort,
Devant l’affreux pouvoir d’ôter la vie, et d’être
Celui qui fait mourir, mais qui ne fait pas naître,