Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/290

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crié,
Le bœuf a-t-il mugi quand ils ont eu de l’herbe ;
L’amour, l’azur, les lys, la lumière superbe,
Les grands rayons dorés qui vont s’élargissant,
Les vierges, les enfants joyeux, l’ange innocent,
La frange d’or de l’aube au rebord des ravines,
Oh ; je crie éperdu vers ces choses divines
Que je ne vois plus ; — Dieu ; — Dieu ; — Les splendeurs d’en haut
Ajoutent de la nuit, hélas, à mon cachot.
Il me tombe, de tous les concerts, des huées.

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DANS L’INFINI
CHANT DES ASTRES
Lumière
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Je souffre. Je voudrais attendrir les nuées,
Je tends les mains aux fleurs, je crie aux aquilons :
Grâce ! Ayant tous les maux du monde pour haillons,
Je pleure, je demande à la ronce, à la gerbe,
Au nuage, à la tombe, à l’étoile, au brin d’herbe,
Aux bêtes reculant devant le front humain,
Aux cailloux qu’un forçat casse au bord du chemin,
A tout, au jour qui naît, au vent qui recommence,
De la pitié ! Je suis le mendiant immense.


IX

Encor si je pouvais dormir ; Si, seulement
Une heure, une minute, un instant, un moment,
Le temps qu’une onde passe au fond du lac sonore,
Fût-ce pour m’éveiller plus lamentable encore,
Sur n’importe quels durs et funèbres chevets,
Si je pouvais poser mon front ; Si je pouvais,
Nu, sur un bloc de bronze ou sur un tas de pier