Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/324

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Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Va-t’en. Ces lieux
« Sont du ciel et du jour et du maître, oublieux.
« Qui que tu sois, malheur à ce qui s’aventure
« Dans la négation et dans la sépulture ;
« Malheur à vous, fourmis volantes du ciel bleu,
« Malheur ! si vous tentez l’ombre où l’athée est Dieu,
« L’antre où le démon tient le sceptre de la cendre ;
« Si je poussais un cri, tu te sentirais prendre
« Par ce qu’on ne voit pas, l’invisible forêt
« Lâcherait son hibou, la nuit se lèverait
« Et t’envelopperait dans la grande aile onglée !
« Fuis, imbécile esprit ! Fuis, lumière aveuglée !
« Vil oiseau de l’azur, rentre à ton firmament.
« Qu’est-ce que tu viens faire au fond du châtiment ?
« Qu’est-ce que tu viens faire, ô frêle créature,
« Dans les profonds dessous de la sombre nature,
« Dans la Haine, au-delà des êtres, dans Satan ?
« Quoi ! la mouche entre où n’ose entrer Léviathan !
« Misérable ange, tremble et fuis ! Va-t’en, atome !

L’ange sans dire un mot regarda le fantôme
Fixement, et gonfla sa lèvre avec dédain.
L’étoile qu’elle avait au front se mit soudain
A grandir, emplissant d’aurore l’ombre obscure.
O vision terrible et sublime ! à mesure
Que l’astre grandissait, la larve décroissait ;
L’ardent grossissement de l’étoile poussait