Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/333

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Pour que l’éruption se fasse, et pour qu’enfin
« L’homme voie, au-dessus des douleurs, de la faim,
« De la guerre, des rois, des dieux, de la démence,
« Le volcan de la joie enfler sa lave immense !


VIII

Tandis que cette vierge adorable parlait,
Pareille au sein versant goutte à goutte le lait
A l’enfant nouveau-né qui dort, la bouche ouverte,
Satan, toujours flottant comme une herbe en eau verte,
Remuait dans le gouffre, et semblait par moment
A travers son sommeil frémir éperdument ;
Ainsi qu’en un brouillard l’aube éclôt, puis s’efface,
Le démon s’éclairait, puis pâlissait ; sa face
Etait comme le champ d’un combat ténébreux ;
Le bien, le mal, luttaient sur son visage entr’eux
Avec tous les reflux de deux sombres armées ;
Ses lèvres se crispaient, sinistrement fermées ;
Ses poings s’entreheurtaient, monstrueux et noircis ;
Il n’ouvrait pas les yeux, mais sous ses lourds sourcils
On voyait les lueurs de cette âme inconnue ;
Tel le tonnerre fait des pourpres sous la