Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/73

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« Les géants n’avaient plus de montagnes. Leur fuite
« Commençait, et l’Europe était presque détruite.
« Ils avaient entassé Pinde, Ossa, Pélion,
« Rhodope, et ces monts noirs d’où fuyait le lion,
« Nus, renversés, fumaient d’éclairs et de brûlures,
« Et leurs torrents pendaient comme des chevelures.
« Et les géant s couraient vers les mers où fut Tyr.
« Ils voyaient les dieux vaincre, et Neptune engloutir
« Oromédon sous Cos, Polybe sous Nisyre.
« Thryx embrasé fondait comme un flambeau de cire.
« Porphyrion, levant ses mains vides, criait
« A la terre, rôdant au loin, spectre inquiet :
« Mais apporte-nous donc une montagne, mère !
« Crès, par la foudre étreint, lui jetait l’onde amère.
« Andès, frère d’Astrée et père de Thallo,
« S’en allait à grands pas au plus profond de l’eau,
« Et jusqu’à la ceinture avait la mer Egée ;
« Zeus Jupiter vint, la main d’éclairs chargée,
« Et lui cria : Sois pierre, ô monstre ! Et le géant
« Vit Zeus, devint roche et s’arrêta béant.
« Et Titan dit : Merci ! tu nous donnes des armes !
« Et, pendant que tremblait la terre, aïeule en larmes,
« Il courut, et, prenant Andès par le milieu,
« Il jeta le géant à la tête du dieu. »

Et Nemrod rêveur dit : Titan est mon ancêtre.