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ÉVIRADNUS.

Tais-toi. Voyons, de vous tout ce que je connais,
C’est que Joss est Bohême et Zéno Polonais,
Mais vous êtes charmants ; et pauvres ; oui, vous l’êtes ;
Moi, je suis riche ; eh bien, demandez-moi, poëtes,
Tout ce que vous voudrez. — Tout ? Je vous prends au mot,
Répond Joss. Un baiser. — Un baiser ! dit Mahaud
Surprise en ce chanteur d’une telle pensée ;
Savez-vous qui je suis ? » Et fière et courroucée,
Elle rougit. Mais Joss n’est pas intimidé :
« Si je ne le savais, aurais-je demandé
Une faveur qu’il faut qu’on obtienne, ou qu’on prenne ?
Il n’est don que de roi ni baiser que de reine.
— Reine ! » Et Mahaud sourit.


XIV

Après souper



Reine ! » Et Mahaud sourit. Cependant, par degrés,
Le narcotique éteint ses yeux d’ombre enivrés ;
Zéno l’observe, un doigt sur la bouche ; elle penche
La tête, et, souriant, s’endort, sereine et blanche.