Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gloire aux monts ! leur front brille et la nuit se dissipe.
C’est plus que le matin qui luit ; c’est un principe !
Ces mystérieux jours blanchissant les hauteurs,
Qu’on prend pour des rayons, sont des libérateurs ;
Toujours aux fiers sommets ces aubes sont données :
Aux Alpes Stauffacher, Pélage aux Pyrénées !

La Suisse dans l’histoire aura le dernier mot
Puisqu’elle est deux fois grande, étant pauvre, et là-haut ;
Puisqu’elle a sa montagne et qu’elle a sa cabane.
La houlette de Schwitz qu’une vierge enrubanne,
Fière, et, quand il le faut, se hérissant de clous,
Chasse les rois ainsi qu’elle chasse les loups.
Gloire au chaste pays que le Léman arrose !
À l’ombre de Melchthal, à l’ombre du Mont-Rose,
La Suisse trait sa vache et vit paisiblement.
Sa blanche liberté s’adosse au firmament.

Le soleil, quand il vient dorer une chaumière,
Fait que le toit de paille est un toit de lumière ;
Telle est la Suisse, ayant l’honneur dans ses prés verts,
Et de son indigence éclairant l’univers.