Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/17

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Afranus se lève le dernier.
Cet évêque est pieux, charitable, aumônier ;
Quoique jeune, il voulait se faire anachorète ;
Il est grand casuiste et très-savant ; il traite
Les biens du monde en homme austère et détaché ;
Jadis, il a traduit en vers latins Psyché ;
Comme il est humble, il a les reins ceints d’une corde.

Il invoque l’esprit divin ; puis il aborde
Les questions : — Ratbert, par stratagème, a mis
Son drapeau sur les murs d’Ancône ; c’est permis ;
Ancône étant peu sage ; et la ruse est licite
Lorsqu’elle a glorieuse et pleine réussite,
Et qu’au bonheur public on la voit aboutir ;
Et ce n’est pas tromper, et ce n’est pas mentir
Que mettre à la raison les discordes civiles ;
Les prétextes sont bons pour entrer dans les villes. —
Il ajoute : « La ruse, ou ce qu’on nomme ainsi,
Fait de la guerre, en somme, un art plus adouci ;
Moins de coups, moins de bruit ; la victoire plus sûre.
J’admire notre prince, et, quand je le mesure
Aux anciens Alarics, aux antiques Cyrus
Passant leur vie en chocs violents et bourrus,
Je l’estime plus grand, faisant la différence
D’Ennius à Virgile et de Plaute à Térence.