Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/208

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Qu’ils étaient les soldats qui n’ont pas déserté,
Les hôtes rugissants de l’antre liberté,
Les titans, les lutteurs aux gigantesques tailles,
Les fauves promeneurs rôdant dans les batailles !
Nous sommes les petits de ces grands lions-là.
Leur trace sur leurs pas toujours nous appela ;
Nous courons ; la souffrance est par nous saluée ;
Nous voyons devant nous là-bas, dans la nuée,
L’âpre avenir à pic, lointain, redouté, doux ;
Nous nous sentons perdus pour nous, gagné pour tous ;
Nous arrivons au bord du passage terrible ;
Le précipice est là, sourd, obscur, morne, horrible ;
L’épreuve à l’autre bord nous attend ; nous allons,
Nous ne regardons pas derrière nos talons ;
Pâles, nous atteignons l’escarpement sublime ;
Et nous poussons du pied la planche dans l’abîme.