Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/236

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L’aéroscaphe voit, comme en face de lui,
Là-haut, Aldébaran par Céphée ébloui,
Persée escarboucle des cimes,
Le chariot polaire aux flamboyants essieux,
Et, plus loin, la lueur lactée, ô sombres cieux,
La fourmilière des abîmes !

Vers l’apparition terrible des soleils,
Il monte ; dans l’horreur des espaces vermeils,
Il s’oriente, ouvrant ses voiles ;
On croirait, dans l’éther où de loin on l’entend,
Que ce vaisseau puissant et superbe, en chantant,
Part pour une de ces étoiles !

Tant cette nef, rompant tous les terrestres nœuds,
Volante, et franchissant le ciel vertigineux,
Rêve des blêmes Zoroastres,
Comme effrénée au souffle insensé de la nuit,
Se jette, plonge, enfonce et tombe et roule et fuit
Dans le précipice des astres !