Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/252

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Nef magique et suprême ! elle a, rien qu’en marchant,
Changé le cri terrestre en pur et joyeux chant,
Rajeuni les races flétries,
Établi l’ordre vrai, montré le chemin sûr,
Dieu juste ! et fait entrer dans l’homme tant d’azur
Qu’elle a supprimé les patries !

Faisant à l’homme avec le ciel une cité,
Une pensée avec toute l’immensité,
Elle abolit les vieilles règles,
Elle abaisse les monts, elle annule les tours ;
Splendide, elle introduit les peuples, marcheurs lourds,
Dans la communion des aigles.

Elle a cette divine et chaste fonction
De composer là-haut l’unique nation,
À la fois dernière et première,
De promener l’essor dans le rayonnement,
Et de faire planer, ivre de firmament,
La liberté dans la lumière.