Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/261

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Cette vibration communiquée aux tombes,
Cette sommation aux blêmes catacombes,
Du ciel ouvrant sa porte et du gouffre ayant faim,
Le prodigieux bruit de Dieu disant : Enfin !

Oui, c’est vrai, — c’est du moins jusque-là que l’œil plonge, —
C’est l’avenir, — du moins tel qu’on le voit en songe, —
Quand le monde atteindra son but, quand les instants,
Les jours, les mois, les ans, auront rempli le temps,
Quand tombera du ciel l’heure immense et nocturne,
Cette goutte qui doit faire déborder l’urne,
Alors, dans le silence horrible, un rayon blanc,
Long, pâle, glissera, formidable et tremblant,
Sur ces haltes de nuit qu’on nomme cimetières,
Les tentes frémiront, quoiqu’elles soient de pierres,
Dans tous ces sombres camps endormis ; et, sortant
Tout à coup de la brume où l’univers l’attend,
Ce clairon, au-dessus des êtres et des choses,
Au-dessus des forfaits et des apothéoses,
Des ombres et des os, des esprits et des corps,
Sonnera la diane effrayante des morts.

Ô lever en sursaut des larves pêle-mêle !
Oh ! la Nuit réveillant la Mort, sa sœur jumelle !