Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/32

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Son bras se roidissait chaque fois qu’un félon
Déformait quelque état populaire en royaume ;
Allant, venant dans l’ombre ainsi qu’un grand fantôme,
Fier, levant dans la nuit son cimier flamboyant,
Homme auguste au dedans, ferme au dehors, ayant
En lui toute la gloire et toute la patrie,
Belle âme invulnérable et cependant meurtrie,
Sauvant les lois, gardant les murs, vengeant les droits,
Et sonnant dans la nuit sous tous les coups des rois,
Cinquante ans, ce soldat, dont la tête enfin plie,
Fut l’armure de fer de la vieille Italie ;
Et ce noir siècle, à qui tout rayon semble ôté,
Garde quelque lueur encore de son côté.


II


Le défaut de la cuirasse.


Maintenant il est vieux ; son donjon, c’est son cloître ;
Il tombe, et, déclinant, sent dans son âme croître
La confiance honnête et calme des grands cœurs ;
Le brave ne croit pas au lâche, les vainqueurs