Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/35

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Tant mieux ! » Étant aïeul du côté maternel.
La vie en ce donjon a le pas solennel ;
L’heure passe et revient ramenant l’habitude.

Ignorant le soupçon, la peur, l’inquiétude,
Tous les matins, il boucle à ses flancs refroidis
Son épée, aujourd’hui rouillée, et qui jadis
Avait la pesanteur de la chose publique ;
Quand, parfois, du fourreau, vénérable relique,
Il arrache la lame illustre avec effort,
Calme, il y croit toujours sentir peser le sort.
Tout homme ici-bas porte en sa main une chose
Où, du bien et du mal, de l’effet, de la cause,
Du genre humain, de Dieu, du gouffre, il sent le poids ;
Le juge au front morose a son livre des lois,
Le roi son sceptre d’or, le fossoyeur sa pelle.

Tous les soirs, il conduit l’enfant à la chapelle ;
L’enfant prie et regarde avec ses yeux si beaux,
Gaie, et questionnant l’aïeul sur les tombeaux ;
Et Fabrice a dans l’œil une humide étincelle.
La main qui tremble aidant la marche qui chancelle,
Ils vont sous les portails et le long des piliers
Peuplés de séraphins mêlés aux chevaliers ;