Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/120

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Et ne s’arrêteront qu’ayant toute la terre.
Demeurer, ou partir ? Choix grave. Angoisse austère.
Les chefs délibéraient sur un grand vaisseau noir ;
Bien que ce ne soit pas la coutume d’avoir
Des colloques la nuit entre les capitaines,
La guerre ayant déjà des chances incertaines,
Et l’ombre ne pouvant dans les camps soucieux,
Qu’ajouter à la nuit des cœurs la nuit des cieux,
Bien que l’heure lugubre où le prêtre médite
Soit aux discussions des soldats interdite,
On était en conseil, vu l’urgence. Il fallait
Savoir si l’on peut prendre une hydre en un filet,
Et la Perse en un piège, et forcer les passages
De l’Euripe malgré l’abîme et les présages.
Les hommes ont l’énigme éternelle autour d’eux.
Devait-on accepter un combat hasardeux ?
Les nefs étaient à l’ancre autour du grand navire.
Les mâts se balançaient sur le flot qui chavire,
L’aquilon remuait l’eau que rien ne corrompt ;
Et sur la poupe altière où veillaient, casque au front,
Les archers de Platée, hommes de haute taille,
Thémistocle, debout en habit de bataille,
Cherchant à distinguer dans l’ombre des lueurs,
Parlait aux commandants de la flotte, rêveurs.

— Eurybiade, à qui Pallas confie Athène,
Noble Adymanthe, fils d’Ocyre, capitaine