Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/184

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Nos deux noms iront ensemble
Jusqu’à nos derniers neveux.
Souviens-t-en, si bon te semble ;
N’y songe plus, si tu veux.

Je baisse mes yeux, j’en ôte
Tout regard audacieux ;
Entrez sans peur, roi mon hôte ;
Car il n’est qu’un astre aux cieux !

Cet astre de la nuit noire,
Roi, ce n’est pas le bonheur,
Ni l’amour, ni la victoire,
Ni la force ; c’est l’honneur.

Et moi qui sur mon armure
Ramasse mes blancs cheveux,
Moi sur qui le soir murmure,
Moi qui vais mourir, je veux

Que, le jour où sous son voile
Chimène prendra le deuil,
On allume à cette étoile
Le cierge de mon cercueil.