Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/297

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Le juge du camp dit : — Chacun de vous est l’hôte
Du sépulcre, et ne peut en sortir maintenant
Que si Dieu le permet au fond du ciel tonnant.
Puis il reprit, selon la coutume écossaise :
— Milord, quel âge as-tu ? — Quarante ans. — Et toi ? — Seize.
— C’est trop jeune, cria la foule. — Combattez,
Dit le juge. Et l’on fit le champ des deux côtés.

Être de même taille et de même équipage,
Combattre homme contre homme ou page contre page,
S’adosser à la tombe en face d’un égal,
Être Ajax contre Mars, Fergus contre Fingal,
C’est bien, et cela plaît à la romance épique ;
Mais là le brin de paille, et là la lourde pique,
Ici le vaste Hercule, ici le doux Hylas,
Polyphème devant Acis, c’est triste, hélas !
Le péril de l’enfant fait songer à la mère ;
Tous les Astyanax attendrissent Homère,
Et la lyre héroïque hésite à publier
Le combat du chevreuil contre le sanglier.

L’huissier fit le signal. Allez !