Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/60

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Par Cupidon l’immense enfant, par Astarté,
Larve pleine de nuit d’où sort une clarté.
L’ouragan tourne autour de nos faces sereines ;
Les saisons sont des chars dont nous tenons les rênes,
Nous régnons, nous mettons à la tempête un mors,
Et nous sommes au fond de la pâleur des morts.
L’Olympe est à jamais la cime de la vie ;
Chronos est prisonnier ; Géo tremble asservie ;
Nous sommes tout. Nos coups de foudre sont fumants.
Jouissons. Sous nos pieds un pavé d’ossements,
C’est la terre ; un plafond de néant sur nos têtes,
C’est le ciel ; nous avons les temples et les fêtes ;
L’ombre que nous faisons met le monde à genoux.
Les premiers-nés du gouffre étaient plus grands que nous ;
Nous leur avons jeté l’Othryx et le Caucase ;
À cette heure, un amas de roches les écrase ;
Poursuivons, achevons notre œuvre, et consommons
La lapidation des géants par les monts !


*


Les dieux ont triomphé. Leur victoire est tombée
Sur Enna, sur Larisse et Pylos, sur l’Eubée ;