Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/126

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Donné vos nuits à l'âpre algèbre, quoi ! pour être Attentif au zénith comme au dogme le prêtre, Quoi ! pour avoir pâli sur les nombres hagards Qui d'Hermès et d'Euclide ont troublé les regards, Vous voilà le seigneur des profondes contrées ! Vous avez dans la cage horrible vos entrées ! Vous pouvez, grâce au chiffre escorté de zéros, Prendre aux cheveux l'étoile à travers les barreaux ! Vous connaissez les mœurs des fauves météores, Vous datez les déclins, vous réglez les aurores, Vous montez l'escalier des firmaments vermeils, Vous allez et venez dans la fosse aux soleils ! Quoi ! vous tenez le ciel comme Orphée une lyre ! En vertu des bouquins qu'on peut sur les quais lire Qui sur les parapets s'étalent tout l'été Feuilletés par le vent sans curiosité, Vous atome, âme aveugle à tâtons élargie, De par Bezout, de par l'X et l'Y grec, magie Dont l'informe grimoire emplit votre grenier, Vous nain, vous avez fait l'Infini prisonnier ! Votre altière hypothèse à vos calculs l'attelle ! Vous savez tout ! Le temps que met l'aube immortelle À traverser l'azur d'un bout à l'autre bout, Ce qui, dans les chaos, couve, fermente et bout, Le bouvier, le lion, le chien, les dioscures, La possibilité des rencontres obscures, L'empyrée en tous sens par mille feux rayé, Les cercles que peut faire un satan ennuyé