Page:Hugo - Les Misérables Tome II (1890).djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, madame ! cria Cosette réveillée en sursaut, voilà ! voilà !

Et elle se jeta à bas de lit, les paupières encore à demi fermées par la pesanteur du sommeil, étendant le bras vers l’angle du mur.

— Ah ! mon Dieu ! mon balai ! dit-elle.

Elle ouvrit tout à fait les yeux, et vit le visage souriant de Jean Valjean.

— Ah ! tiens, c’est vrai ! dit l’enfant. Bonjour, monsieur.

Les enfants acceptent tout de suite et familièrement la joie et le bonheur, étant eux-mêmes naturellement bonheur et joie.

Cosette aperçut Catherine au pied de son lit, et s’en empara, et, tout en jouant, elle faisait cent questions à Jean Valjean. — Où elle était ? Si c’était grand, Paris ? Si madame Thénardier était bien loin ? Si elle ne reviendrait pas ? etc., etc. Tout à coup elle s’écria : — Comme c’est joli ici !

C’était un affreux taudis ; mais elle se sentait libre.

— Faut-il que je balaye ? reprit-elle enfin.

— Joue, dit Jean Valjean.

La journée se passa ainsi. Cosette, sans s’inquiéter de rien comprendre, était inexprimablement heureuse entre cette poupée et ce bonhomme.