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450 Les Misérables. ― Fantine.  

— À Arras.

— Et monsieur veut arriver aujourd’hui ?

— Mais oui.

— En prenant des chevaux de poste ?

— Pourquoi pas ?

— Est-il égal à monsieur d’arriver cette nuit à quatre heures du matin ?

— Non certes.

— C’est que, voyez-vous bien, il y a une chose à dire, en prenant des chevaux de poste… — Monsieur a son passe-port ?

— Oui.

— Eh bien, en prenant des chevaux de poste, monsieur n’arrivera pas à Arras avant demain. Nous sommes un chemin de traverse. Les relais sont mal servis, les chevaux sont aux champs. C’est la saison des grandes charrues qui commence, il faut de forts attelages, et l’on prend les chevaux partout, à la poste comme ailleurs. Monsieur attendra au moins trois ou quatre heures à chaque relais. Et puis on va au pas. Il y a beaucoup de côtes à monter.

— Allons, j’irai à cheval. Dételez le cabriolet. On me vendra bien une selle dans le pays.

— Sans doute. Mais ce cheval-ci endure-t-il la selle ?

— C’est vrai, vous m’y faites penser. Il ne l’endure pas.

— Alors…

— Mais je trouverai bien dans le village un cheval à louer ?

— Un cheval pour aller à Arras d’une traite !

— Oui.

— Il faudrait un cheval comme on n’en a pas dans nos