Page:Hugo - Les Misérables Tome V (1890).djvu/412

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
LES MISÉRABLES. — JEAN VALJEAN.

impossible. Qui est-ce qui sera attrapé ? Je t’en prie, mon petit Marius, laisse-moi ici avec vous deux.

— Je te jure qu’il faut que nous soyons seuls.

— Eh bien, est-ce que je suis quelqu’un ?

Jean Valjean ne prononçait pas une parole. Cosette se tourna vers lui :

— D’abord, père, vous, je veux que vous veniez m’embrasser. Qu’est-ce que vous faites là à ne rien dire au lieu de prendre mon parti ? qui est-ce qui m’a donné un père comme ça ? Vous voyez bien que je suis très malheureuse en ménage. Mon mari me bat. Allons, embrassez-moi tout de suite.

Jean Valjean s’approcha.

Cosette se retourna vers Marius.

— Vous, je vous fais la grimace.

Puis elle tendit son front à Jean Valjean.

Jean Valjean fit un pas vers elle.

Cosette recula.

— Père, vous êtes pâle. Est-ce que votre bras vous fait mal ?

— Il est guéri, dit Jean Valjean.

— Est-ce que vous avez mal dormi ?

— Non.

— Est-ce que vous êtes triste ?

— Non.

— Embrassez-moi. Si vous vous portez bien, si vous dormez bien, si vous êtes content, je ne vous gronderai pas.

Et de nouveau elle lui tendit son front.