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LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Le doyen, debout près de la table, posa un doigt sur la bible ouverte et demanda à haute voix :

— Y a-t-il opposition ?

Personne ne répondit.

— Amen, dit le doyen.

Ebenezer et Déruchette avancèrent d’un pas vers le révérend Jaquemin Hérode.

Le doyen dit :

— Joë Ebenezer Caudray, veux-tu avoir cette femme pour ton épouse ?

Ebenezer répondit :

— Je le veux.

Le doyen reprit :

— Durande Déruchette Lethierry, veux-tu avoir cet homme pour ton mari ?

Déruchette, dans l’agonie de l’âme sous trop de joie comme de la lampe sous trop d’huile, murmura plutôt qu’elle ne prononça :

— Je le veux.

Alors, suivant le beau rite du mariage anglican, le doyen regarda autour de lui et fit dans l’ombre de l’église cette demande solennelle :

— Qui est-ce qui donne cette femme à cet homme ?

— Moi, dit Gilliatt.

Il y eut un silence. Ebenezer et Déruchette sentirent on ne sait quelle vague oppression à travers leur ravissement.

Le doyen mit la main droite de Déruchette dans la main droite d’Ebenezer, et Ebenezer dit à Déruchette :

— Déruchette, je te prends pour ma femme, soit que tu sois meilleure ou pire, plus riche ou plus pauvre, en