Page:Hugo - Les Travailleurs de la mer Tome II (1892).djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Peut-être y avait-il dans ce morceau de roche une excavation.

Un trou où se fourrer ; Gilliatt n’en demandait pas davantage.

Mais comment atteindre au plateau ? Comment gravir cette paroi verticale, dense et polie comme un caillou, à demi couverte d’une nappe de conferves visqueuses, et ayant l’aspect glissant d’une surface savonnée ?

Il y avait trente pieds au moins du pont de la Durande à l’arête du plateau.

Gilliatt tira de sa caisse d’outils la corde à nœuds, se l’agrafa à la ceinture par le grappin, et se mit à escalader la petite Douvre. À mesure qu’il montait, l’ascension était plus rude. Il avait négligé d’ôter ses souliers, ce qui augmentait le malaise de la montée. Il ne parvint pas sans peine à la pointe. Arrivé à cette pointe, il se dressa debout. Il n’y avait guère de place que pour ses deux pieds. En faire son logis était difficile. Un stylite se fût contenté de cela ; Gilliatt, plus exigeant, voulait mieux.

La petite Douvre se recourbait vers la grande, ce qui faisait que de loin elle semblait la saluer ; et l’intervalle des deux Douvres, qui était d’une vingtaine de pieds en bas, n’était plus que de huit ou dix pieds en haut.

De la pointe où il avait gravi, Gilliatt vit plus distinctement l’ampoule rocheuse qui couvrait en partie la plate-forme de la grande Douvre.

Cette plate-forme s’élevait à trois toises au moins au-dessus de sa tête.

Un précipice l’en séparait.