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XI

COUP D’ŒIL SUR LES MARIS ÉVENTUELS


Déruchette grandissait, et ne se mariait pas.

Mess Lethierry, en en faisant une fille aux mains blanches, l’avait rendue difficile. Ces éducations-là se retournent plus tard contre vous.

Du reste, il était, quant à lui, plus difficile encore. Le mari qu’il imaginait pour Déruchette était aussi un peu un mari pour Durande. Il eût voulu pourvoir d’un coup ses deux filles. Il eût voulu que le conducteur de l’une pût être aussi le pilote de l’autre. Qu’est-ce qu’un mari ? C’est le capitaine d’une traversée. Pourquoi pas le même patron à la fille et au bateau ? Un ménage obéit aux marées. Qui sait mener une barque sait mener une femme. Ce sont les deux sujettes de la lune et du vent. Sieur Clubin, n’ayant guère que quinze ans de moins que mess Lethierry, ne pouvait être pour Durande qu’un patron provisoire ; il fallait un pilote jeune, un patron définitif, un vrai successeur du fondateur, de l’inventeur, du créateur. Le pilote définitif de Durande serait