XIX
Toutes les réminiscences de la France dans l’archipel ne sont pas également gracieuses. Nous connaissons un passant qui, dans l’admirable île de Serk, un dimanche, a entendu dans la cour d’une ferme ce couplet d’un ancien cantique huguenot français, très solennellement chanté en chœur par des voix religieuses ayant le grave accent calviniste :
Comme une charogne.
Gniaq’ gniaq’ gniaq’ mon doux Jésus
Qui ait l’odeur bonne.
Il est mélancolique et presque douloureux de penser qu’on est mort dans les Cévennes sur ces paroles-là. Ce couplet, d’un haut comique involontaire, est tragique. On en rit ; on en devrait pleurer. Sur ce couplet, Bossuet, l’un des quarante de l’académie française, criait : Tue ! Tue !
Du reste, pour le fanatisme, hideux quand il persécute, auguste et touchant quand il est persécuté, l’hymne extérieur n’est rien. Il a son grand et sombre hymne intérieur qu’il chante mystérieusement en son âme à travers toutes les pa-