Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/127

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dans Vondel. La Pologne s’y rallie avec toutes ses gloires, depuis Kopernic jusqu’à Kosciuzko, depuis Sobieski jusqu’à Mickiewicz. L’Allemagne est le puits des peuples. Ils en sortent comme des fleuves, et elle les reçoit comme une mer.

Il semble qu’on entende par toute l’Europe le prodigieux murmure de la forêt Hercynienne. La nature allemande, profonde et subtile, distincte de la nature européenne, mais d’accord avec elle, se volatilise et flotte au-dessus des nations. L’esprit allemand est brumeux, lumineux, épars. C’est une sorte d’immense âme nuée, avec des étoiles. Peut-être la plus haute expression de l’Allemagne ne peut-elle être donnée que par la musique. La musique, par son défaut de précision même, qui, dans ce cas spécial, est une qualité, va où va l’âme allemande.

Si l’âme allemande avait autant de densité que d’étendue, c’est-à-dire autant de volonté que de faculté, elle pourrait, à un moment donné, soulever et sauver le genre humain. Telle qu’elle est, elle est sublime.

En poésie, elle n’a pas dit son dernier mot. A cette heure, les symptômes sont excellents. Depuis le jubilé du noble Schiller, particulièrement, il y a réveil, et réveil généreux. Le grand poëte définitif de l’Allemagne sera nécessairement