Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/34

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l’ombre, sur le pavé, parmi les pots de bière et les pipes, on entrevoyait « les puants [1] » (le peuple). Ce fut par ce théâtre-là que Shakespeare entra dans le drame. De gardeur de chevaux il devint pasteur d’hommes.

§ V

Tel était le théâtre vers 1580, à Londres, sous « la grande reine » ; il n’était pas beaucoup moins misérable, un siècle plus tard, à Paris, sous « le grand roi » ; et Molière, à son début, dut, comme Shakespeare, faire ménage avec d’assez tristes salles. Il y a, dans les archives de la Comédie-Française, un manuscrit inédit de quatre cents pages, relié en parchemin et noué d’une bande de cuir blanc. C’est le journal de Lagrange, camarade de Molière. Lagrange décrit ainsi le théâtre où la troupe de Molière jouait par ordre du sieur de Rataban, surintendant des bâtiments du roi : « ... trois poutres, des charpentes pourries et étayées, et la moitié de la salle découverte et en ruine. » Ailleurs,

  1. Stinkards