Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le maïs, arrondit la pomme, dore l’orange, sucre le raisin. Je le répète, un service de plus, c’est une beauté de plus. Dans tous les cas, où est la diminution ? Mûrir la betterave, arroser la pomme de terre, épaissir la luzerne, le trèfle et le foin, entrer en collaboration avec le laboureur, le vigneron et le maraîcher, cela n’ôte pas au ciel une étoile. Ah ! l’immensité ne méprise pas l’utilité, et qu’y perd-elle ? Est-ce que le vaste fluide vital, que nous appelons magnétique ou électrique, fait de moins splendides éclairs dans la profondeur des nuées parce qu’il consent à servir de pilote à une barque, et à tenir toujours tournée vers le nord la petite aiguille qu’on lui confie, à ce guide énorme ? L’aurore est-elle moins magnifique, a-t-elle moins de pourpre et moins d’émeraude, subit-elle une décroissance quelconque de majesté, de grâce et d’éblouissement, parce que, prévoyant la soif d’une mouche, elle sécrète soigneusement dans la fleur la goutte de rosée dont a besoin l’abeille ?

On insiste : poésie sociale, poésie humaine, poésie pour le peuple, bougonner contre le mal et pour le bien, promulguer les colères publiques, insulter les despotes, désespérer les coquins, émanciper l’homme mineur, pousser les âmes en avant et les ténèbres en arrière, savoir qu’il y a des voleurs et des tyrans, nettoyer