Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/458

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quand il les écrivait, avait soixante ans. L’indifférence au bien et au mal porte à la tête, on peut en être ivre, et voilà où l’on arrive. La leçon est triste. Sombre spectacle. Ici l’ilote est un esprit.

Une citation peut être un pilori. Nous clouons sur la voie publique ces lugubres phrases, c’est notre devoir. Goethe a écrit cela. Qu’on s’en souvienne, et que personne, parmi les poètes, ne retombe plus dans cette faute.

Entrer en passion pour le bon, pour le vrai, pour le juste ; souffrir dans les souffrants ; tous les coups frappés par tous les bourreaux sur la chair humaine, les sentir sur son âme ; être flagellé dans le Christ et fustigé dans le nègre ; s’affermir et se lamenter ; escalader, titan, cette cime farouche où Pierre et César font fraterniser leurs glaives, gladium gladio copulemus ; entasser dans cette escalade l’Ossa de l’idéal sur le Pélion du réel ; faire une vaste répartition d’espérance ; profiter de l’ubiquité du livre pour être partout à la fois avec une pensée de consolation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux, tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, prolétaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l’avenir, précipice aux uns, délivrance aux autres ; aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser, vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien. Cela vaut la peine