Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/541

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même poids dans la balance du nuisible et de l’utile.

D’autres n’ont été que nuisibles. Ils sont nombreux, innombrables même, car les maîtres du monde sont une foule.

Le penseur c’est le peseur. La clémence lui convient. Disons-le donc, ces autres-là qui n’ont fait que le mal ont une circonstance atténuante, l’imbécillité.

Ils ont„une autre excuse encore : l’état cérébral du genre humain lui-même au moment où ils apparaissent ; le milieu ambiant des faits, modifiables, mais encombrants.

Les tyrans ne sont pas les hommes, ce sont les choses. Les tyrans s’appellent la frontière, l’ornière, la routine, la cécité sous forme de fanatisme, la surdité et la mutité sous forme de diversité des langues, la querelle sous forme de diversité des poids, mesures et monnaies, la haine, résultante de la querelle, la guerre, résultante de la haine. Tous ces tyrans s’appellent d’un seul nom : Séparation. La Division d’où sort le Règne, c’est là le despote à l’état abstrait.

Même les tyrans de chair sont des choses. Caligula est bien plus un fait qu’un homme. Il résulte plus qu’il n’existe. Le proscripteur romain, dictateur ou césar, interdit au vaincu