Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/571

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Rien ne reste que l’esprit.

Dans cette crue indéfinie de clarté qu’on nomme la civilisation, des phénomènes de réduction et de mise au point s’accomplissent. L’impérieux matin pénètre partout, entre en maître-et se fait obéir. La lumière opère ; sous ce grand regard, la postérité, devant cette clarté, le dix-neuvième siècle, les simplifications se font, les excroissances tombent, les gloires s’exfolient, les noms se départagent. Voulez-vous un exemple, prenez Moïse. Il y a dans Moïse trois gloires : le capitaine, le législateur, le poëte. De ces trois hommes que contient Moïse, où est aujourd’hui le capitaine ? dans l’ombre, avec les brigands et les massacreurs. Où est le législateur ? au rebut des religions mortes. Où est le poëte ? à côté d’Eschyle.

Le jour a sur les choses de la nuit une puissance rongeante irrésistible. De là un nouveau ciel historique au-dessus de nos têtes. De là une nouvelle philosophie des causes et des résultats. De là un nouvel aspect des faits.

Cependant quelques esprits, dont l’inquiétude honnête et sévère nous plaît d’ailleurs, se récrient : — Vous avez dit « les génies sont une dynastie ; » nous ne voulons pas plus de celle-là que d’une autre. — C’est se méprendre, et s’effrayer du mot là où la chose est rassurante.