Page:Hugues - Lettre de Marianne aux républicains, 1871.djvu/14

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n’ayant des grâces d’autrefois qu’un stérile souvenir et portant le nom effrontément ridicule de Monarchie ou Royauté. Je suis loin de croire que mon Adolphe ait préféré l’hiver au printemps, le bon au mauvais grain, la monarchie à moi qui suis la République ; je n’admets pas qu’il ait oublié à ce point les promesses qu’il m’a faites du haut de la tribune et cependant, il saigne, le cœur de la Marianne, à la seule pensée d’une aussi basse trahison.

Certes, je ne suis pas une mijaurée : mille fois j’ai secoué les grelots de la folie ; mille fois, mon front s’est reposé sur des épaules différentes ; mais, je le déclare hardiment sous l’apparence d’une légèreté coupable, j’ai conservé une âme sans souillure. La monarchie, au contraire, s’est traînée dans toutes les fanges et il n’y a pas de peuples dont elle n’ait bu le sang. La corruption est son aliment, l’infamie, l’air qu’elle respire. Toutes les fois qu’un père de famille rentre au logis, n’ayant pour ses enfants ni le morceau de pain qu’ils réclament, ni le mot