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vues des cordillères,

un pays où croissent les palmiers, les bananiers et la canne à sucre. Comme la crevasse dans laquelle se jette le Rio de Bogota communique aux plaines de la région chaude (tierra caliente), quelques palmiers se sont avancés jusqu’au pied de la cascade. Cette circonstance particulière fait dire aux habitans de Santa-Fe, que la chute du Tequenmada est si haute, que l’eau tombe d’un saut du pays froid (tierra fria) dans le pays chaud. On sent qu’une différence de hauteur de cent soixante-quinze mètres n’est pas assez considérable pour influer sensiblement sur la température de l’air. Ce n’est point à cause de la hauteur du sol que la végétation du plateau de Canoas contraste avec celle du ravin : car si le rocher du Tequendama, qui est un grès à base argileuse, n’étoit pas taillé à pic, et si le plateau de Canoas étoit aussi habité que la crevasse, les palmiers qui végètent au pied de la cascade auroient sans doute poussé leur migration jusqu’au niveau supérieur de la rivière. L’aspect de cette végétation est d’autant plus intéressant pour les habitans de la vallée de Bogota, qu’ils vivent dans un climat où le thermomètre descend