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vues des cordillères,

la civilisation que tous les autres peuples du nouveau continent. Il est probable que ces expéditions militaires laissèrent entre les mains des habitans, des croix, des rosaires et quelques images révérées par les chrétiens : il se pourroit aussi que ces images eussent passé de main en main, depuis les côtes jusque dans l’intérieur des terres dans les montagnes d’Oaxaca ; mais est-il permis de supposer que la vue de quelques figures correctement dessinées ait fait abandonner des formes consacrées par l’usage de plusieurs siècles ? Un sculpteur mexicain auroit sans doute copié fidèlement l’image d’un apôtre ; mais, dans un pays où, comme dans l’Indostan et en Chine, les naturels tiennent avec la plus grande opiniâtreté aux mœurs, aux habitudes et aux arts de leurs ancêtres, auroient-ils osé représenter un héros ou une divinité aztèque sous des formes étrangères et nouvelles ? D’ailleurs, les tableaux historiques que des peintres mexicains ont faits après l’arrivée des Espagnols, et dont plusieurs se trouvent dans les débris de la collection de Boturini, à Mexico, font voir évidemment que cette influence des arts