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vues des cordillères,

la race cuivrée, qui n’ont jamais connu la coutume de produire des difformités artificielles, comme le prouvent les crânes d’Indiens mexicains, péruviens et aturès, que nous avons rapportés, M. Bonpland et moi, et dont plusieurs ont été déposés au Muséum d’histoire naturelle à Paris. Les Nègres donnent la préférence aux lèvres les plus grosses et les plus proéminentes ; les Calmouques l’accordent aux nez retroussés. Un savant illustre, M. Cuvier[1], observe que les artistes grecs, dans les statues des héros, ont relevé la ligne faciale outre nature, de quatre-vingt-cinq à cent degrés. J’incline à croire que l’usage barbare introduit parmi quelques hordes sauvages de l’Amérique, de comprimer la tête des enfans entre deux planches, naît de l’idée que la beauté consiste dans cet aplatissement extraordinaire de l’os frontal, par lequel la nature a caractérisé la race américaine. C’est sans doute en suivant ce même principe de beauté que même les peuples aztèques, qui n’ont jamais défiguré la tête des enfans, ont représenté leurs

  1. Leçons d’Anatomie comparée, Tom. II, p. 6.