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religieux, qui paroissoit mettre peu d’intérêt à cette prétendue inscription, l’ait copiée avec beaucoup de soin. Il est assez remarquable que, sur sept caractères, aucun ne s’y trouve répété plusieurs fois : je ne les ai fait graver que pour fixer, sur un objet aussi digne d’examen, l’attention des savans qui pourront un jour visiter les forêts de la Guayane.

Il est d’ailleurs assez remarquable que cette même contrée sauvage et déserte, dans laquelle le père Bueno a cru voir des lettres gravées sur le granit, présente un grand nombre de rochers qui, à des hauteurs extraordinaires, sont couverts de figures d’animaux, de représentations du soleil, de la lune et des astres, et d’autres signes peut-être hiéroglyphiques. Les indigènes racontent que leurs ancêtres, du temps des grandes eaux, sont parvenus en canot jusqu’à la cime de ces montagnes, et qu’alors les pierres se trouvoient encore dans un état tellement ramolli, que les hommes ont pu y tracer des traits avec leurs doigts. Celle tradition annonce une horde dont la culture est bien différente de celle du peuple qui l’a précédée : elle dé-