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vues des cordillères,

elles-mêmes l’écriture alphabétique, ou, ce qui est moins probable, qu’étant retombées dans la barbarie, sous influence d’un climat peu favorable au développement de l’esprit, elles avoient perdu cet art merveilleux, connu seulement d’un très-petit nombre d’individus. Nous n’agiterons point ici la question si l’alphabet dêvanêgari est d’une haute antiquité sur les bords de l’Indus et du Gange, ou si, comme le dit Strabon[1], d’après Megasthènes, les Hindoux ignoroient l’écriture avant les conquêtes d’Alexandre. Plus à l’est et plus au nord, dans la région des langues monosyllabiques, de même que dans celle des langues tartares, samoyèdes, ostiaques et kamtschadales, l’usage des lettres, partout où on le trouve aujourd’hui, n’a été introduit que très-tard. Il paroît même assez probable que c’est le christianisme nestorien[2] qui a donné l’alphabet stranghelo aux Oïghours et aux Tartares-Mantchoux ; alphabet qui, dans les régions septentrionales de l’Asie, est encore

  1. Strabo, Lib. XV, p. 1035-1044.
  2. Langlès, Dictionnaire tartare-mantchou, p. 18. Recherches asiatiques, Tom. II, p. 62, n. d.