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vues des cordillères,

d’après les mesures que j’ai faites en 1802, passe presque à la hauteur du Mont-Blanc, les voyageurs y sont exposés à un froid excessif, et il n’y a pas d’année qu’il n’en périsse quelques-uns par l’effet de la tourmente. C’est au milieu de ce passage, à la hauteur absolue de quatre mille mètres, qu’on traverse une plaine dont l’étendue est de plus de six lieues carrées. Cette plaine (et ce fait remarquable jette quelque jour sur la formation des plateaux élevés) se trouve presque au niveau des savanes dont est entourée la partie du volcan d’Antisana, qui est couverte de neiges éternelles. Les plateaux de l’Assuay et de l’Antisana, dont la constitution géologique offre des rapports si frappans, sont cependant éloignés de plus de cinquante lieues les uns des autres : ils renferment des lacs d’eau douce d’une grande profondeur, et bordés d’un gazon touffu de graminées alpines, mais dont aucun poisson et presque aucun insecte aquatique ne vivifient la solitude.

Le Llano del Pullal (c’est le nom que l’on donne aux hautes plaines de l’Assuay) a un sol excessivement marécageux. Nous avons été surpris d’y trouver, et à des hauteurs qui