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et monumens de l’amérique.

effacés qui indiquent deux yeux et une bouche. Le pied du rocher est taillé en gradins qui conduisent à un siège pratiqué dans la même pierre, et placé de sorte que, du fond d’un creux, on peut contempler l’image du soleil.

Les indigènes racontent que, lorsque l’inca Tupayuparigi s’avança avec son armée pour faire la conquête du royaume de Quito, gouverné alors par le Conchocando de Lican, les prêtres découvrirent sur la pierre l’image de la divinité dont le culte devoit être introduit chez les peuples conquis. Les habitans du Cuzco crurent voir partout la figure du soleil, comme les Chrétiens, sous toutes les zones, ont vu peintes sur des rochers, soit des croix, soit la trace du pied de l’apôtre saint Thomas. Le prince et les soldats péruviens regardèrent la découverte de la pierre d’Inti-Guaicu comme un très-heureux présage : elle a contribué sans doute à engagrer les Incas à se construire une habitation au Cañar ; car il est connu que les descendans de Manco-Capac se regardoient eux-mêmes comme les enfans de l’astre du jour : opinion qui offre un rapprochement remarquable entre le premier législateur du Pérou et celui