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et monumens de l’amérique.

aztèque. Dans les jardins de l’Inca, près du Cañar, nous avons cherché vainement quelque arbre dont l’âge parût remonter à un demi-siècle : rien n’annonce le séjour des Incas dans ces contrées, sinon un petit monument de pierre placé au bord d’un précipice, et sur la destination duquel les habitans du pays ne sont pas d’accord.

Ce petit monument, que l’on appelle le jeu de l’Inca, consiste en une seule masse de pierres. Les Péruviens ont employé, pour le construire, le même artifice que les Égyptiens pour sculpter le Sphinx de Djyzeh, dont Pline dit expressément : « e saxo naturali elaborata. » Le rocher de grès quartzeux qui lui sert de base a été diminué, de manière qu’après avoir enlevé les couches qui en formolent le sommet, il n’en est resté qu’un siège entouré d’une enceinte, que l’on trouve représenté sur celle Planche. On doit être surpris qu’un peuple qui entassoit un nombre prodigieux de pierres taillées dans la belle chaussée de l’Assuay, ait eu recours à un moyen aussi bizarre pour élever un mur d’un mètre de hauteur. Tous les ouvrages péruviens portent le caractère d’un peuple laborieux