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et monumens de l’amérique.

Cordillères, aux deux époques du maximum, et du minimum de la hauteur des neiges.

Les voyageurs qui ont vu de près les sommets du Mont-Blanc et du Mont-Rose, sont seuls capables de saisir le caractère de cette scène imposante, calme et majestueuse. La masse du Chimborazo est si énorme, que la partie que l’œil embrasse à la fois près de la limite des neiges éternelles, à sept mille mètres de largeur. L’extrême rareté des couches d’air, à travers lesquelles on voit les cimes des Andes, contribue[1] beaucoup à l’éclat de la neige et à l’effet magique de son reflet. Sous les tropiques, à une hauteur de cinq mille mètres, la voûte azurée du ciel paroit d’une teinte d’indigo[2]. Les contours de la montagne se détachent du fond de cette atmosphère pure et transparente, tandis que les couches inférieures de l’air, celles qui reposent sur un plateau dénué d’herbes, et qui renvoient le calorique rayonnant, sont vaporeuses, et semblent voiler les derniers plans du paysage.

  1. Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, Vol. I, p. 170 de l’éd. in-8o.
  2. Voyez ma Géographie des Plantes, p. 17.