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vues des cordillères,

vue dans une grande partie de la vallée de Mexico, à cause de la hauteur de la montagne sur laquelle se faisoit cette sanglante cérémonie. Tous ceux qui n’avoient pu suivre la procession étoient placés sur les terrasses des maisons, sur les sommets des téocallis, sur les collines qui s’élèvent au milieu du lac, les jeux fixés sur le lieu où devoit paroître la flamme, présage certain de la bienveillance des dieux et de la conservation du genre humain pendant le cours d’un cycle nouveau. Des messagers, postés de distance en distance, et tenant des torches de bois de pin très-résineux, portoient le feu nouveau de village en village, jusqu’à la distance de quinze ou vingt lieues ; on le déposoit partout dans les temples, d’où il étoit distribué dans les maisons des particuliers. Lorsqu’on voyoit le soleil se lever sur l’horizon, l’allégresse redoublait, la procession retournait de la montagne d’Iztapalapan à la ville, et le peuple croyoit voir rentrer ses dieux dans leur sanctuaire. Alors les femmes sortoient de leur prison : on se paroit de nouveaux habits, et l’on employait les treize jours intercalaires à nettoyer les temples, à blanchir les murs,