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Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/151

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histoire naturelle

teur Savage arriva à cette conviction que ce grand singe, plus récemment découvert que tous les autres, était celui que l’on avait longtemps cherché, le pongo de Battell.

L’exactitude de cette conclusion est vraiment hors de doute ; car non-seulement l’engé-ena concorde avec « le plus grand monstre » de Battell par ses yeux caves, sa grande stature et sa coloration brun foncé ou gris de fer, mais le seul autre singe anthropomorphe qui habite ces régions, le chimpanzé, peut être du premier coup reconnu, à cause de sa taille plus petite, comme « le plus petit monstre, » et il devient impossible de le confondre avec le pongo, par ce seul fait qu’il est noir et non brun foncé, pour ne rien dire de cette circonstance importante déjà mentionnée, qu’il conserve encore le nom d’engeko ou enché-echo, sous lequel Battel le connut.

En recherchant pour « l’Engé-éna » un nom spécial, le docteur Savage évita sagement le terme si souvent mal appliqué de pongo, mais trouvant dans l’ancien Périple d’Hannon, le terme gorilla appliqué à certain peuple sauvage et velu, découvert par le voyageur carthaginois dans une île de la côte d’Afrique, il s’en servit pour désigner spécifiquement son nouveau singe, et de là vient sa dénomination actuelle, bien connue. Mais le docteur Savage, plus prudent que quelques-uns de ses successeurs, n’identifie en aucune façon son singe avec les « hommes sauvages » d’Hannon, Il dit seulement que ces derniers étaient probablement « une des espèces de l’orang, » et je suis d’accord avec M. Brullé qu’il n’y a aucun motif pour identifier le moderne gorille et celui de l’amiral carthaginois.

Depuis la publication du mémoire de Savage et Wyman, le squelette du gorille a été étudié par le professeur Owen et par feu le professeur Duvernoy, du Museum d’histoire naturelle, ce dernier ayant donné en outre une importante