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Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/92

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transformation des formes organiques.

les variations climatériques sont nettement établies.

Les besoins et les habitudes, ou, si l’on veut, l’exercice fonctionnel des organes, constituent la seconde cause des variations. Examinons d’abord le défaut d’exercice. Sur ce point, Lamarck allait aussi loin que possible : « Ceux d’entre les animaux que les circon-

    indiqués par Cuvier ; leur queue est munie d’une large crête natatoire qui règne également sur le dos.

    « Le 18 janvier 1865, une femelle est fécondée ; elle pond le 19 et le 20. Au mois de mars, nouvelle ponte. En 1866, la même femelle a pondu quatre fois.

    « L’éclosion a lieu trente jours après la ponte ; huit ou dix jours après l’éclosion, les pattes antérieures commencent à apparaître ; puis les pattes postérieures se développent, et au bout de huit mois les petits sont absolument semblables à leurs parents, à l’exception de la taille.

    « En septembre et octobre 1865, quelques individus commencent à se transformer complétement ; les houppes branchiales, la crête membraneuse du dos et de la queue disparaissent, la forme de la tête se modifie, la couleur change, l’animal devient terrestre et revêt l’apparence d’un batracien urodèle du genre ambystoma. Mais la transformation n’atteint que neuf individus sur quarante-cinq résultant de la première ponte ; les parents conservent leurs caractères primitifs et restent encore des axolotls. Aujourd’hui même ils n’ont pas varié.

    « En réalité, voici un animal qui devient adulte, acquiert des organes génitaux, se reproduit tout en conservant les caractères de l’état de larve ; il procrée des séries d’êtres aquatiques (siredon), semblables à lui-même, se reproduisant, et des séries d’êtres différents (ambystoma) à respiration pulmonaire ; et cependant ces séries proviennent de la même ponte. Il y a donc ici un véritable cas de dimorphisme ou disomérie organique. Comme l’a très-bien remarqué M. Duméril (Archives du Museum, p. 265) dans son mémoire sur l’Axolotl, ces états différents d’un même animal n’ont aucun rapport avec la génération alternante ; puisque trois générations d’axolotls semblables à leurs parents se sont montrées et que la transformation a atteint seulement quelques individus isolés.

    « Que devient la définition classique de l’espèce en face de pareils faits ? et que devient la notion même de l’espèce, si un même animal d’une organisation aussi élevée que l’axolotl, peut donner naissance à deux formes radicalement distinctes ? »