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Page:Huyghens - Traité de la lumière, Gauthier-Villars, 1920.djvu/48

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LES MAÎTRES DE LA PENSÉE SCIENTIFIQUE.


Car par la même raison de la sphère creuse que j’ai employée pour prouver le peu de densité du verre, et la pénétrabilité aisée à la matière éthérée, l’on peut aussi prouver que la même pénétrabilité convient aux métaux et à toute autre sorte de corps. Car cette sphère étant d’argent par exemple, il est certain qu’elle contient de la matière éthérée qui sert à la lumière, puisque cette matière y était aussi bien que l’air, lorsqu’on bouchait l’ouverture de la sphère. Cependant étant fermée, et posée sur un plan horizontal, elle ne résiste au mouvement qu’on lui veut donner que suivant la quantité de l’argent dont elle est faite, de sorte qu’il en faut conclure, comme dessus, que la matière éthérée, qui est enfermée ne suit point le mouvement de la sphère ; et que partant l’argent, aussi bien que le verre, est très facilement pénétré par cette matière. Il s’en trouve donc continuellement et en quantité entre les particules de l’argent et de tous les autres corps opaques ; et puisqu’elle sert à la propagation de la lumière, il semble que ces corps devraient aussi être transparents, comme le verre, ce qui pourtant n’est point.

D’où dira-t-on donc que vient leur opacité ? est-ce que les particules qui les composent sont molles, c’est-à-dire que ces particules, étant composées d’autres moindres, sont capables de changer de figure en recevant l’impression des particules éthérées, desquelles par là elles amortissent le mouvement, et empêchent ainsi la continuation des ondes de lumière ? Cela ne se peut ; car si les particules des métaux sont molles, comment est-ce